Loin de la ville

Loin de la ville
De ses soubresauts intoxiqués
De ses sombres sots, occis, damnés
De ses pathétiques débiles
Et puis de l’électronique
Épileptique

Marcher longtemps
Dans les pierres, les ronces
Sans réseautage
Sans emploi du temps
Pied gauche pied droit
Cadence de ska

Souffler
Sous le chêne
Souffler
Détacher la chaîne
Sentir le sang battre aux tempes
Comme un ruisseau frémissant
Temple d’étranges manifestations
Laissant couler
Le masque d’oripeaux
Sociaux

Tenir le monde dans son poing
Sentir la vie s’écouler comme des grains
De lumière, boules disco
Emportant des lambeaux de chair
Au long de la crête des transes
Que nous crapahutons
Dans la chaleur fraîche
Des érections d’avril

Funambules avinés
Traversant les ravins
Nous racontons nos réalités
Et toutes leurs étrangetés
Feux follets, dames blanches, esprits
Spectres, fantômes, polteirgeists
Apparitions, fulgurances d’horreur
Incubes et succubes suivant l’heur
Tu sais
Les raclements de chaîne au plafond
Quand tu essayes de t’abîmer
Dans le royaume sans fond

Oui, toutes ces choses occultes
Moquées par devant
Et pratiquées par derrière
Dans le secret des cultes
Alimentées par une littérature
D’illuminés
Sapin de Noël
Tout au long de l’année

Avoue-le
Chacun vit dans un monde fantastique
À des éons les uns des autres
Conscience collective
D’un essaim de moustiques

On se reconnaît de la même race
En se sniffant le trou dégueulasse
La réalité
Est une bidonnerie grossière
L’info pisse des rivières
De fausses unes
Misère, effrois et thune
Et de cette miction
N’en sort qu’une infime fraction
De vérité

Tu n’imagines pas
Ce que l’esprit torturé de ton voisin
Ou de ta voisine
Recèle
Ali Baba
Et les soixante-dix-huit violeurs
La Palice
Au pays des merguez
Le grand remplacement
D’Omo lave plus blanc
Tu n’imagines pas
L’état d’hallucination mentale
Qui règne entre les pilules
Et quand tu n’écris plus
Salutations cordiales

La gente reste bien dans l’axe
Dirigée de l’index
Et la lex, dura lex
Accrochée à des fariboles, fables et contes
Lutins verts devenus rouges de honte
De servir les intérêts des profiteurs
Morts habillés de dollars
Montrant l’horreur
De ne plus consommer
Tout est bon dans la marchande psyché
Pour ordonner le chaos de la réalité
Puzzle au modèle disgracieux
Qu’on monétise au mieux

Mais on s’en fout
Après tout
C’est très normal
D’être dérangé du bocal
Tant qu’il y a des histoires
Pour servir de défouloir
Aux esprits emprisonnés
Par l’absurdité

Et qui partent
Loin de la ville

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A propos Marc Mahé Pestka

Ecrivain, game designer, explorateur de littérature interactive depuis quelques décennies, déjà.

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