la nature
le grand air des alpages
les p’tits zosieaux
les gentils animaux
blablabla
le joyau en ses Écrins
parlons-en !
nuées de mouches la journée
et de taons
tant de putain de taons
un peu plus bas dans la vallée
légions de moustiques la nuit
fourmis par millions
pas vraiment amies
orage à 2200 mètres
400 m de dénivelé positif
sous la flotte le zef le froid
5 degrés sa race
moment où même le highlander
picote de la peau
et quand il ne gèle pas
le soleil tanne la tendre peau
qui suinte son eau
à filtrer pour échapper
aux bactéries de caca
car au delà du bocage
de la caillasse
s’offre au regard hagard
la merde
la merde partout
et pas que dans les pâturages
crottes de brebis de renard de bouquetin de chamois de loup
d’humains allés aux feuillées
bouses partout dans les champs
avec une fréquence de papier-bulle
que les papillons
dès qu’ils le peuvent
viennent butiner
comme de gros crétins
mutants et coprophages
tandis que les vautours
zonent dans les airs
et espèrent le faux pas
la faille qui plongera
dans des a-pics vertigineux
sans oublier
la masse douloureuse
des muscles qui coincent et grincent
avec le soleil naissant
voilà
voilà le rêve
qui vous attend
et vous ouvre
les cuisses primordiales
de la terre-mère
la trique du trek
mais alors
dis
le lourd
pourquoi monter
des Golgotha
héros à la
Goldorak
finir accolé
au cloaque d’un col
pourquoi buter
sur les mottes
et se vriller les chevilles
dans les terriers
des marmottes punks
qui ne respectent rien
et sifflent les culs en douleur
passant devant leurs yeux ?
parce que
parce que
dans l’infinie douleur
de l’ascension
de la descente
d’organe dans les rotules
alors que
la carapace de la carcasse
pleine de crasse
se fissure et fuit
la personnalité
nue plus que nue
écorchée de sa modernité
exposée à la frontale
retrouve une espèce
d’unité et d’harmonie
dans le pas à pas
d’une boucle consentie
parce que les arpions en feux
témoignent du passage
sur les charbons ardents
et qu’arriver au bout du chemin
s’apparente au voyage
du yogi
youpi
parce que le frottement
contre les conditions premières
l’insecte, l’animal et l’intempérie
insouciants de l’insigne humanité
enseigne l’humilité
aux troupeaux à deux pattes
parce que la bouse abrite
les champis de la connaissance
et que nager dans les nuages
ouvre les branchies
et que Grand Pas
a fini par devenir roi