Le havre

La foule unie en une main gigantesque
Se branle pour toucher fugitivement
Le territoire des Bisounours
Avide d’unité
L’amalgame indivisé reproduit
Valorise et partage
L’artifice cosmétique
Cycles de machine à laver
Connectée
Voulant se la jouer cosmique

Ainsi le principe se dilue dans le nombre
Homéopathie dégénérative
Laissant des trous
Dans la mémoire de l’eau
L’O dont l’histoire
Prophétise Prométhée enchaîné
Voyant son foie dévoré
Par le vautour
Dont les valeurs sont
Déguisement et humiliation
Le sens saucissonné s’adapte
Comme une culotte à la mode
De S à 6XL
En passant par SS
Le fil du coton parfumé
Aux crabes qui l’ont tricoté

Car chaque atome se croit être mythique
Et s’invente une vie de gros mytho
Armée d’archétypes qui ne saurait
Échapper au catalogue
L’anonymat de l’infini dictionnaire
Des personnes connues
Très importantes
Tellement qu’elles s’expriment
Dans la langue commune
Des arthropodes
Crissements et implosion
De chitine
Sous le pied

Toujours plus vite
Toujours plus de techné
Suprématie de la bite
Toujours plus de morts-nés
Le vide pond comme une reine-mère
Buvant le thé devant un parterre
De minets aux yeux atrophiés
Par iridescence de l’écran
Et se satisfaisant du sang
Comme sceau des mystères personnels

Alors échapper à l’apocalypse ?
Seules les sages soûles sachent
Que la réponse est 42
Ou absurde
Ou biaisée par tous les orifices
Qu’il y a une réponse
Ou plusieurs
Et donc que l’espoir perdure
Produit en urgence par l’esprit
Qu’il y a perfide certitude
Une vérité
Au-delà du voile vérolé
Un havre où enfin
L’image cesse de sauter

Cet endroit s’effleure
Secousse / Tremblement / De l’intérieur
Quand les limites dégueulent
Dans le vide bouillonnant de l’envie
Quand l’ancien savoir s’extirpe
De la folie défunte
Quand la pensée se fait spaghetti
Sous la pression des sensations
Quand le corps chauffé à blanc
Se transmute en vapeur d’argent
Quand deux entités se serrent
En momentanée unité
Quand la communion titanesque
Se ressent jusqu’au bout des quarks
Quand la douleur se tête
Au biberon d’acide lactique

Alors qu’attends-tu ?

Les excès quasi-mortels de l’extase des surcharges sensorielles des vertiges vagaux du travail bien fait de molécules inappropriées d’absences flirtant avec le définitif des neurotransmetteurs du zizir
Attendent sagement
Au coin de la ruelle sombre
Autour d’un brasero
Chantant en chœur
Une ballade triste et gaie
En langue sacrée

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A propos Marc Mahé Pestka

Ecrivain, game designer, explorateur de littérature interactive depuis quelques décennies, déjà.

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