On le sait. Chaque seconde, chaque fraction de seconde, quelque chose d’horrible, de démoniaque se produit. Dans le monde. Dans le pays. Dans la région. Dans la grande ville.
Une à quelques pages de faits divers, qui accrocheront le regard et ouvriront un gouffre incommensurable interrogeant le sens même de l’existence.
Cependant, autour de soi, très peu de chance existe que cela arrive. Probabilité infinitésimale, certes non nulle, mais négligeable, statistiquement.
À la même fraction de seconde, des milliers de belles choses se produisent : une personne partage des connaissances, des sentiments, avec une autre, avec d’autres ; de l’amour est donné, familial, amical, radical ; l’atmosphère se teinte d’éclats de rire, de respect, d’incroyable.
Se pose alors la question : pourquoi relayer sans cesse les horreurs commises, leur conférant un espace médiatique sans mesure avec leur fréquence d’apparition ?
Une fois qu’on a bien ouvert les yeux, aux forceps comme dans Orange Mécanique, qu’on sait qu’il y a des tarés et des tarées, qu’un ou une adepte, communiste, arabe et beauf à la fois, somatiserait assez son illusion grâce à de la drogue zombie pour venir te bouffer la cervelle, avant de se faire un sandwich aux chatons de deux semaines, oui, une fois qu’on sait tout ça : pourquoi se pourrir la tête ?