on croit qu’on croit
on crie des mots comme des incantations
censées tisser des ponts entre nos destins
on lance une phrase comme un caillou dans un puits
et on écoute attentivement le bruit de la chute
plink plonk plouf
au loin résonne le vide moins un
alors on s’empresse toujours bardés de sons
de colmater la brèche à grands coups de ceinturon
on frétille comme un spermatozoïde tout le long du tunnel
sans fond
les anges, la lumière comme une promesse de salut
splitch splatch chlouf
enfin on atteint l’eau
noire comme l’essence la mare luit
on se voit en reflet tel qu’on est
sombre, luisant, visqueux et puant
et on se déteste, oh on se déteste
d’avoir ricoché pour échouer sur une flaque
on s’en veut beaucoup d’être aussi rond qu’une bulle qui bulle
peut-être même qu’on doute un instant exister
et puis on se calme parce que ce n’est pas bon pour les nerfs
et pour se détendre on sort une cigarette
on craque l’allumette
WOUF !
le pétrole nourrit l’autocombustion