fais attention
regarde où tu poses les pieds
un mauvais pas
et le sonnet disparaît
tu pourrais marcher
sur une fleur
une de ces timides
qui tente d’attraper une pincée
de lumière chaude et mordorée
qui n’ose pas
faire plus que pointer le bout de son nez
avec ses p’tits sonnets
ces sentiments de fleur
si fragiles
qu’il est facile
de les déflorer
elles se cachent la plupart du temps
ces plantes à la sensibilité graciles
coincées dans le bitume environnant
celui sur lequel frétillent
ceux qui se croient vivants
elles se terrent maladroitement en journée
ne font une apparition nocturne et diaphane
que pour voler un éclat de lune
s’en habiller et pour un bref instant
briller princesse
ce ne sont pas
les pistils prêts à voyager
de l’humble muguet
ou des anémones prêtes à se déchirer
non
ce sont des fleurs de lune,
des galants de la nuit
des fleurs de la prière
des belles de nuit
des Tabacs ailés
et des cierges du Pérou
qu’on ne soupçonnait pas
dans la journée
qui exhalent des senteurs
de paradis
pour qui sait saisir
les fragances du plaisir
pour qui sait lécher
par l’intérieur du nez
et au milieu de toutes ces beautés
l’œil aguerri perçoit
de fugitifs feux follets
à l’éclat terne et muet
des accrocs
dans la texture
de la pénombre
tandis que les sens se raidissent
un court instant
ce sont
des mauvaises herbes
de blouson noir vêtues
des louloutes folles
et frappées
qui s’extraient
comme des madames
du macadam
en ondulant
du bassin
sans corolles
mais rock’n roll
et faudrait pas
trop les chauffer :
elles bouffent de l’orvet
alors je le répète
fais attention
où tu mets les pieds
la nuit
un accident
est si vite arrivé
Image par http://www.flickr.com/people/210, Creative Commons Attribution 2.0 Generic
Magnifique !
Laetitia
Mignardise
Bienheureux qui voit ces petites choses qui font miracle de vie au quotidien, dans ce monde surfait de mille façons.
Bienheureux qui voit le vrai parmi ses innombrables contrefaçons…
Avoir été vu… Quel privilège ! Vivre n’est donc pas vain ? Merci Marc.